jeudi 1 mars 2012

Politeia, partie III : solution au Néolibéralisme

L'idéologie néolibéraliste est pleinement démocratique dans le sens qu'elle joue dans ses deux tendances (l'anarchie et le totalitarisme) pour en faire une synthèse. Elle cultive l'anarchie dans l'égoïsme de l'homme économique purement pragmatique et calculateur. Elle cultive en même temps le totalitarisme dans l'administration économique mondiale, qui impose la lutte des intérêts individuels au nom d'un intérêt transcendant qui les dépasse tous, l'intérêt économique. Voilà pourquoi les néolibéraux sont à la fois anti-démocrates (en forme) et pro-démocrates (en fond).

Néolibéralisme. Forme : technocratie. Fond : anarchie.

L'idéologie néolibérale se veut l'aboutissement de la démocratie dans la synthèse de ses deux tendances fondamentales. En un certain sens, on peut la voir comme la « voie naturelle » de la démocratie.

La solution à la démocratie (comme simple frontière et état temporaire entre deux tendances a-politiques) serait la politeia. http://en.wikipedia.org/wiki/Politeia La politeia est un réel régime politique et non une façade à l'économie. La politeia, c'est littéralement la politique. Disons que c'est la démocratie lorsqu'elle est réellement politique, lorsque le coeur de celle-ci est le citoyen (agent politique partageant le pouvoir avec son égal) et non le travailleur, salarié ou contribuable... (À ne pas confondre non plus avec le représentant de la démocratie représentative). Évidemment, « citoyen » devient alors un titre de mérite chargé d'une responsabilité sociale et politique car il est responsable de la grandeur de la « cité ».

La solution à l'État moderne démocratique se trouve justement dans l'idée de la Cité-État. La politeia n'est possible que dans une « Cité ». Mais qu'est une Cité? Pour bien en saisir l'idée, nous devons revoir notre conception de l'administration des sociétés humaines.

On peut voir la politeia comme une idéologie au même titre que le néolibéralisme. Elle serait alors l'idéologie concurrente à cette dernière, la volonté d'échapper aux deux tendances de la démocratie que le néolibéralisme réalise : l'anarchie et le totalitarisme.

J'appelle ici « sociologie des grands nombres » ma réflexion sur la société compte tenu de l'état démographique des communautés contemporaines. Mon hypothèse sera la suivante : nous nous situons à une période charnière et déterminante de l'histoire humaine où le sens même de la politique (ou du citoyen) est en jeu et tente de survivre à l'idéologie dominante (néolibéraliste) et dont la solution se trouve dans la politeia.

De nombreux penseurs ont traité du problème humain post-industrialisation ; je me fais l'économie de commenter cette littérature fertile. Cependant, si une chose est certaine, c'est la transformation des organisations humaines suite à l'inflation et la concentration des communautés humaines, ce qui nous amène à revoir le sens de la politique. Par tradition (moderne?), son sens aboutit à l'État moderne, l'idée même du totalitarisme. Ainsi, la tendance politique de la modernité fut la concentration des pouvoirs en une superstructure économique, l'État, qui représente idéalement l'« intérêt des citoyens ».

Cependant, dans une telle structure sociale, l'agent politique cesse alors d'être le citoyen, car il a délaissé sa fonction à une classe politique administrant la « chose publique » pour son « bien ». Nous avons bien traité de cela dans les parties antérieures (surtout la première partie).

Ce que je veux maintenant pointer, c'est la tendance à concentrer les centres de décision pour une fin administrative. Cette tendance va de pair avec l'idéologie dominante : le néolibéralisme (la social-démocratie n'étant souvent qu'une forme de gestion néolibérale). La seule solution possible qui soit réellement politique est la déconcentration des centres décisionnels et administratifs dans le but d'atteindre l'auto-gestion étendue des affaires humaines, d'où l'idée de la Cité-État. Ceci implique une tendance contraire à la spécialisation technocratique des individus. Ceux-ci gagneraient en sens au lieu d'en subir la réduction forcée tout au long de leur éducation et de leur vie.

Il est impératif de mettre fin à la spécialisation de travailleurs administratifs et représentatifs. Les représentants ne sont pas un problème en soi, tant qu'ils n'en fassent pas profession ; de même pour les administrateurs et gestionnaires. Ce sont des tâches qui doivent être partagées car ce sont des tâches politiques. Tous devraient y avoir accès également, pour un temps limité, ce qui implique que tous y prennent part comme une responsabilité communautaire fondamentale. Implication, partage, responsabilité. Aucune personne ne gagne à réduire au minimum son implication et sa responsabilité au sein des affaires de sa vie. C'est maintenir et justifier un état infantile, servile et parasite, tout ce qui va à l'encontre de l'intérêt de tout être raisonnable.

Le raisonnable s'impose au sein d'une vie publique puisqu'il en est une exigence fondamentale. Si nous ne réduisons notre sphère d'action, donc de moralité, qu'au privé, nous cessons d'être des agents politiques. La politique est l'extension de la morale, une morale impliquée publiquement. Face à la morale privée, nous retenons nos jugements, laissant à chacun la liberté de déterminer ses propres exigences (face à lui-même et face à ses proches). Réduire la vie humaine à ce territoire, c'est lui enlever une grande part de sa dignité.

Nous verrions vite combien l'expérience est un facteur positif et valorisant ; il ne serait pas étonnant de voir nos anciens et sages être des conseillers. Je vous renvoie à méditer l'Éthique à Nicomaque et les Politiques d'Aristote (pour ne pas nommer la République de Platon!)... Ce qui est certain, c'est qu'ils ne seraient plus rejetés comme des denrées épuisées dont la seule valeur vient de leurs besoins exploités par un monde de consommation.

On me reprochera mon idéalisme. Tout en ayant raison, ils auront tort d'en faire un reproche. Certes, l'idée et la solution que j'ai exprimée (idée = idéal) se veut explicitement une idéologie concurrente à une idéologie qui domine notre société. L'erreur bête dans ce reproche, c'est de placer comme « réaliste » l'idéologie dominante, qui est en soi une idée, un idéal. C'est un paralogisme triste, nihiliste, celui du « naturaliste » (il peut prendre d'autres noms).

Réduisez votre monde à ce qui est, vous vous abrutissez car vous niez votre esprit : la capacité à regarder les réalités possibles et celle de porter un jugement pour affirmer celle qu'il faille choisir, la meilleure réalité possible. C'est le seul moyen de réaliser quelque chose : rendre réel une idée. Demeurer dans le simple constat de la réalité, c'est reconnaître son incapacité à penser, à réaliser, à vivre. C'est la différence entre se faire vivre par la vie ou faire vivre la vie. Voilà ce qu'est la philosophie.
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J'espère que cet essai vous aura fait méditer sur notre réalité sociale. Excusez mon manque de méthodologie et mon style lour, typique des premiers jets. Voilà pourquoi c'est un essai...

Merci!

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