vendredi 9 mars 2012

Essai d'éthique - Partie II : Mouvement de dissociation

Le principal problème que pose le monisme matérialiste pour la pensée est celle de la génération, donc de la création et de la naissance. Commençons donc par définir ce que serait ce mouvement de génération par un commentaire classique (école aristotélicienne) de la pensée d'Anaximandre. Notons que l'école d'Aristote critique et s'oppose à cette conception de la réalité, chose que je ne développerai pas pour l'instant.

Commentaire de Simplicius : « [Pour Anaximandre,] la génération ne se fait pas par altération élémentaire mais par dissociation des contraires sous l'effet du mouvement éternel » (Commentaire sur la Physique d'Aristote, 24, 13). On parle ici de « séparation ou de discrimination déterminante ».

Une vulgarisation s'impose. Simplicius remarque que le processus de création, donc de génération, au sein du monisme matérialiste n'est pas un transformisme élémentaire, comme le soutenait le maître d'Anaximandre, Thalès (pour qui tout vient de l'eau élémentaire). Pour Anaximandre, la réalité perceptible émerge d'un état indéterminé ; cette séparation (ou discrimination) est déterminante, dans le sens qu'elle détermine une réalité hors d'un tout indéterminé. Cependant, cet état déterminé n'est que temporaire, car il finit par retourner à son état originel, indéterminé. Il dégage ainsi la principale loi de la nature : celle de la corruption ou du retour à l'état originel, qu'on peut aussi appeler état neutre, harmonieux, voire la paix.

Tous cela est bien métaphysique et abstrait. Cependant, cela devient plus intuitif lorsqu'on réfléchit sur le phénomène particulier qu'est la vie. La vie ne porte-t-elle pas en elle son processus de génération et de corruption? (Oui, pour Anaximandre, on pourrait dire que toute la réalité est vivante, en quelque sorte.)

Il est intéressant de remarquer que l'essence de la vie (comme de tout ce qui vient à l'existence selon Anaximandre) se trouve dans un mouvement de dissociation, donc d'opposition. Elle naît en se plaçant en contraire d'une réalité qui lui est étrangère : non vivante. L'organique émerge de l'inorganique ; l'inorganique lui est premier, est sa source, son substrat. La plupart des physiciens, chimistes et biochimistes s'entendront sur cela.

Même si le mouvement de dissociation n'est pas conscient, il intervient en quelque sorte comme une « loi » nécessaire au sein de la réalité (Heidegger présente un beau commentaire à la fin de son oeuvre Chemins qui mènent nulle part - La parole d'Anaximandre). Cependant, que penser du principe de dissociation s'il est le fondement de ce qui est? Quelle éthique en déduire? Faut-il valoriser ou se dissocier de la dissociation?

[Note à moi-même : revoir l'explication et la finale du texte; approfondir l'exemple de la vie au lieu de partir sur d'autres considérations car c'est plus nébuleux que nécessaire.]

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