vendredi 9 mars 2012

Essai d'éthique - Partie I - Présentation

La perspective matérialiste n'est aucunement dénuée de spiritualité. Habituellement, nous opposons la perspective de l'esprit (de la pensée, des idées) sur le monde à la perspective du corps (des sens, perceptions, observations) sur le monde. Ce monde que nous tentons d'atteindre est la réalité, soumise à la conception que nous en avons. Si notre conception de la réalité est si fondamentale à l'ensemble de l'entreprise humaine, elle mérite qu'on s'y attarde un peu.

Je me trompe peut-être, mais il m'apparaît que deux hypothèses se sont démarquées et succédées dans l'histoire des idées sur cette question. La première est le monisme et la seconde, le dualisme. Le monisme pose qu'on puisse réduire l'ensemble de la réalité qu'à un seul substrat (il n'y a qu'une seule réalité), tandis que le dualisme en pose deux (il y a deux sortes de réalités).

Sur cette question, je tente d'appliquer la sagesse d'Ockham et tente d'éviter de multiplier les réalités pour expliquer la réalité. C'est pourquoi je soutiens comme hypothèse de départ (méthodologiquement) le monisme. Cependant, même si nous posons qu'il n'y a qu'une réalité, il n'est pas si évident de la déterminer...

Nous pouvons difficilement faire l'économie de l'idée de matière, peut importe sous quelle forme elle se retrouve. Le seul problème avec cette idée, c'est qu'elle induit intuitivement que la réalité est nécessairement sensible, associant le concept de matière à celui de corps. Beaucoup de matérialistes sont en fait des « atomistes » (ou tout autre terme plus précis, comme « corpusculistes »), mais cela ne justifie pas de réduire le matérialisme à l'atomisme, ni la matière au corps.

Une hypothèse originelle (et originale) du matérialisme voit dans la matière une réalité englobante qui explique à la fois ce qui est et ce qui peut être. Son état peut être déterminé (en un corps) ou indéterminé (en un potentiel, pourrait-on dire). Cette hypothèse pense la réalité déterminée comme un état particulier d'un substrat dont l'état naturel tendrait plutôt à l'indétermination. Notre problème avec l'état indéterminé, c'est qu'il nous est inaccessible par les sens (imperceptible car non déterminée), mais seulement indirectement par déduction et réflexion (observation du mouvement et des changements). Le phénomène le plus éclairant à ce propos est la vie, ou de manière plus générale, la génération (création) et la corruption.

Mon essai se penchera sur la question de la spiritualité, des idées et des valeurs au sein d'un monisme matérialiste tel que présenté afin d'en dégager une éthique. Selon une perspective moniste, il n'y a qu'une réalité. Ainsi, la spiritualité, les idées et les valeurs doivent être en accord avec la réalité matérielle, donc en unité avec celle-ci, puisqu'elle en sont des « modes » ou des expressions (et non pas l'expression d'une réalité autre). Une telle éthique aura comme ambition d'en finir avec le nihilisme.

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