mercredi 14 septembre 2011

Pourquoi Apeiron?


Pourquoi Apeiron?

Nous ne saisissons qu'un « négatif » de la réalité. Étant en soi des êtres finis, déterminés, nous ne percevons que des réalités finies, déterminées. Pouvons-nous pour autant réduire la réalité à notre perspective déterminée?

La réalité est en soi indéterminable, infinie, illimitée (apeiron) comme l'énonçait Anaximandre voilà très longtemps. Tout comme Nietzsche ou Heidegger, nous sommes marqués par le gouffre qui s'ouvre à notre conscience lorsque nous contemplons notre prétention à connaître : elle sera toujours à notre hauteur, celle de notre ego...

Malgré ses efforts de systématisation, les philosophies n'ont pas toujours exprimé la volonté de déterminer la réalité, de la rendre intelligible (en dévoilant son intelligence) et claire : à la rendre rassurante pour notre esprit. Peu s'en dit du gouffre de ténèbres angoissantes enveloppant cette lumière. Le contempler, c'est risquer d'y tomber, de s'y perdre. Mais peut-on qualifier de pessimiste celui qui en ressort et le vit?

Il n'y a aucune réelle sagesse sans lucidité. Et si cette lucidité tue tout espoir, elle n'empêche en rien la vie d'éclore dans toute sa joie grave. Le doute nous délivre de nos certitudes ; s'ouvrir à l'indéterminable nous délivre de la détermination... pour nous y replonger. L'humain peut saisir l'indéterminé non par l'imagination, mais parce qu'il est l'être qui le porte en lui et l'accomplit.

Nageons comme les poissons que nous sommes, continuons infiniment d'apprendre à respirer un air trop pur pour nos organes. Ainsi, nous nous dépasserons. Nous évoluerons.

Quelle belle absurdité sommes-nous!




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