jeudi 10 novembre 2011

Endettement - éducation

En cette journée de manifestation des étudiants contre la hausse des « droits de scolarité », j'entreprends une analyse du problème selon une perspective philosophique. Désolé du caractère brouillon et de la dureté de la présentation qui suit une méthode réflexive en évolution.


Problème :
La question est de savoir qui doit prendre sur ses épaules l'endettement de certaines institutions, système ou entreprise. Le problème particulier qui nous intéresse est celui du l'endettement étudiant.

Les étudiants doivent-ils s'endetter pour éviter l'endettement du système universitaire (éducation supérieure)?

Projet :
Critique de l'endettement comme solution économique (à venir).
Critique du choix social de donner le fardeau économique public au privé.
Critique du choix de donner le fardeau économique de l'éducation publique aux étudiants.
Critique de la qualité publique ou privée de l'institution scolaire supérieure.

Préliminaire :
Notons que le discours parle de « droits de scolarité » conçus comme frais.
Le « droit » est associé à un « frais ».
Le « droit » devient soumis à la capacité de payer.

Analyse :
La capacité de payer des étudiants est inégale : certains sont supportés par une famille, certains supportent une famille.
La qualité de vie des étudiants varie de ses dépendances : elles peuvent être sociales et économiques. On juge que la qualité des études bénéficiera d'une réduction des dépendances économiques. Ce jugement est vrai si et seulement si l'étude bénéficie de cette réduction de dépendance, et non le divertissement.

La capacité de payer des travailleurs est inégale : certains (hautement minoritaires) auront un emploi avec un salaire assurant cette capacité de payer sans modifier de manière significative la qualité de vie de l'individu ; certains auront un emploi sans le salaire qui assure sa capacité de payer sans modifier de manière significative la qualité de vie de l'individu ; certains n'auront pas l'emploi projeté et le salaire attendu (ce qui permet d'envisager la nécessité de prolonger des études dans le même domaine ou un autre ; d'autres n'auront pas d'emploi.
La condition sociale des travailleurs (individus) est inégale : certains sont seuls, certains sont en coopération, d'autres supportent (seuls ou en coopération) une famille.

Corollaire :
  • La soumission des droits positifs à leurs coûts est une limitation de ces droits. L'idéologie néolibérale lie cette soumission à l'affirmation de droits négatifs surtout économiques. Cependant, le droit à l'éducation est négatif et positif. Son pan négatif justifie son pan positif. C'est une valeur en soi.
  • Le droit à l'éducation est ambigu car la vocation de l'éducation en démocratie est ambigüe. Il y a confusion (mélange) entre une éducation professionnelle et une éducation civique. Le droit à l'éducation est un droit professionnel et un droit civique.
  • L'éducation civique est nécessairement d'intérêt public, donc ressort de la responsabilité de la société. La démocratisation de cette éducation est nécessaire à la vie de l'idée de démocratie libérale, ou simplement de l'idée d'une société juste. Liée à cela est la vie de l'idée même de Justice.
  • L'éducation professionnelle est plutôt d'intérêt privé, quoique nécessaire à l'intérêt public. Cependant, cette liaison est économique : l'économie publique dépend d'un « détournement » des profits de la vie économique privée ; une partie de l'intérêt privé est sacrifié pour un intérêt public. Ce qui est d'intérêt public est nécessaire à l'équité sociale.
Conclusion :
La hausse des frais de scolarité augmente les dépendances économiques des étudiants, ce qui va à l'encontre de la qualité des études. Cette hausse force l'étudiant à une dépendance économique, une situation de minorité économique. Cibler les étudiants pour porter le fardeau du coût économique des études est une erreur sociale.

La dépendance économique est liée à la dépendance à l'endettement en tant que solution économique.

Nous pouvons faire l'analogie avec une maladie ou une toxicomanie : pour perdurer, elle contamine ses parties saines pour les forcer à contribuer (collaborer) à la situation maladive. Nous avons affaire à un cercle vicieux économique. Ce cercle vicieux a contaminé le politique.

De plus, il est dans l'intérêt public de donner un enseignement professionnel de qualité, qui se vérifie dans la capacité des travailleurs à créer les conditions de leur travail (libre entreprise, innovation). Cette capacité à créer l'emploi est fortement contrainte par les dépendances économiques des nouveaux travailleurs. Cibler les étudiants pour porter le fardeau du coût économique des études professionnelles est une erreur économique.

Solution :
Les étudiants ne devraient pas subventioner leur propre éducation. Ce sont plutôt les travailleurs qui doivent subventionner l'éducation civique et l'éducation professionnelle, dans l'intérêt public. Les travailleurs peuvent subventionner l'entièreté des études si et seulement si les mesures d'imposition sont indexées selon les profits privés.

Ouverture :
Une idée juste du « profit » individuel dépend d'une idée d'une qualité de vie « juste ». La réflexion doit définir et partager cette idée d'une qualité de vie juste, nécessaire pour que les intérêts privés acceptent de sacrifier leur excès par bienveillance.

Notons le manque de compréhension de nos administrateurs, pour ne pas parler de corruption idéologique, par la solution envisagée : cibler une discrimination de la capacité à payer des étudiants. La bienveillance n'est pas valorisée (intégrée) socialement (voir le niveau politique et économique) ; on valorise plutôt l'égoïsme de l'étudiant et du travailleur.

Notons finalement la domination idéologique de la culture de consommation qui définit ses agents par ses dépendances économiques. L'agent économique est conçu comme agent égoïste...


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